Les Anago
Les Yoruba, également appelés Nago, occupent une place de premier plan dans la composition ethnique et historique du sud-est et du centre du Bénin. Originaires de l’actuel Nigéria, ils s’y sont établis depuis des temps immémoriaux, consolidant leur présence au fil des siècles. Selon la tradition, Odudua, figure ancestrale légendaire et fondateur de la ville sacrée d’Ifé au Nigéria, envoya ses fils fonder de nouveaux royaumes, propageant ainsi l’influence yoruba au-delà de ses frontières d’origine. Parmi les royaumes créés par les descendants d’Ifé, on trouve notamment ceux de Savé et de Kétou, deux entités politiques qui jouèrent un rôle essentiel dans la structuration de cette région.
Aujourd’hui, les Yoruba représentent environ 12,3 % de la population béninoise. Ils sont principalement concentrés dans le sud-est et le centre-est du pays, où ils ont su préserver leurs traditions et leur mode de vie. Ce groupe est particulièrement actif dans le domaine du commerce, et leur influence se fait sentir à Cotonou, notamment au marché de Dantokpa, l'un des plus grands marchés de l’Afrique de l’Ouest, qu’ils dominent par leur dynamisme commercial.
Les Nago, une sous-branche des Yoruba installée au nord de Porto-Novo, se distinguent par leur vocation agricole, s’adonnant majoritairement à l’exploitation de la terre. À cette diversité au sein du groupe s’ajoute la présence des Afro-Brésiliens, descendants d’esclaves affranchis revenus du Brésil au XIXe siècle. Ces derniers, également d’origine yoruba, ont longtemps occupé une place particulière au sein de la société béninoise, notamment en raison de leur haut niveau d’instruction, hérité de leur passage par le Brésil, et de leur influence culturelle et intellectuelle dans les villes côtières du pays.
En résumé, les statuettes ibeji de style Anago s’inscrivent dans un art sculptural yoruba d’une grande finesse, alliant simplicité esthétique et profond symbolisme religieux. Elles incarnent une continuité spirituelle essentielle pour la communauté Anago, tout en étant le reflet d'une identité régionale au sein du monde yoruba, où la préservation de l'équilibre cosmique par le culte des jumeaux reste un aspect crucial de la culture.